Le Cameroun à l’ère du numérique : où en sommes-nous ?
Le secteur numérique au Cameroun est encore à un statut embryonnaire comparé à certains pays d’Afrique comme le Ghana, le Nigeria ou encore le Sénégal. En 2017, le Cameroun occupait la 10è place des pays africains axés vers le numérique. Le secteur n’a pas réellement évolué depuis cette année-là à cause de nombreux obstacles : La qualité médiocre du réseau internet et/ou le taux de couverture 3G et 4G limité – tandis que l’on parle de 5G ailleurs, les troubles sécuritaires dans les régions anglophones (où se trouve la Silicon Mountain situé à Buea), ayant causé une perte d’environ 1.768.500.000 francs CFA à l’économie camerounaise suite à une coupure d’internet pendant près de 3 mois ; le faible taux de levée de fonds pour soutenir les initiatives, l’absence d’accompagnement de la part des pouvoirs publics, l’environnement délétère des affaires dans le secteur; pour ne citer que ces raisons.
Quelques progrès en perspectives – thank you COVID-19
Aucune progression significative n’a été enregistrée en 2018. Pire encore, en 2019, le Cameroun perd 3 places par rapport à l’année précédente dans le classement de Doing Business 2019 et se situe à la 166è place sur 190 pays évalués. En 2020, avec l’apparition de la Covid 19, le secteur numérique a connu un bond vers l’avant grâce aux mesures de prévention imposées à travers le monde y compris au Cameroun. Ainsi, afin d’éviter la propagation du virus à travers une restriction des rencontres physiques, les entreprises camerounaises se voient dans l’obligation d’optimiser leur marche vers la numérisation. L’on observe une reconversion rapide des petites et moyennes entreprises vers le digital, et l’expansion des startups. Plus récemment en février 2022, le Ministre de l’Enseignement Supérieur, M. Jacques Fame Ndongo, inaugure le Centre National de Développement de l’Economie Numérique (Cdic), un espace numérique situé à Yaoundé ayant pour but de soutenir l’économie numérique et accélérer la transformation digitale. En outre, toujours dans l’optique d’accompagner les jeunes travaillant dans la technologie, la Ministre des postes et télécommunications, Mme Minette Libong Li Likeng, a gratifié d’un an de connexion gratuite aux jeunes inscrits à la Silicon Mountain à Buea.
Rappelons que depuis quelques années, ayant pris conscience du potentiel économique que représente le secteur numérique et ses autres avantages que sont la création d’emplois, un meilleur traitement, stockage, partage et protection des données, le gain de temps et d’argent, l’amélioration de la qualité des services et de la relation client, le gouvernement camerounais a développé avec l’aide des partenaires publics et privés des mesures pour tirer le meilleur de cette niche porteuse de nombreux bénéfices. En 2019 nous avons pu relever les quelques réalisations suivantes :
- La création de startups et incubateurs privés (Jokkolabs, ActivSpaces, Le Boukarou, Silicon Mountain à Buea, Ocean Innovation center à Kribi, etc.) et publics (Afric innov, Afrilabs, des écoles de codage tels que Genius Center ou Ecolia Kid).
- La création des incubateurs associés aux universités et grandes écoles publique tel que la Technopole de l’école Polytechnique de Yaoundé.
- La mise sur pieds de programmes de formation dans le domaine du numérique par les entreprises privées à l’instar de Orange Cameroun qui a ouvert le Orange Digital Center dont l’objectif est de vulgariser les métiers et les enjeux liés au numérique, développer l’entreprenariat et l’innovation autour du numérique et démocratiser la culture numérique.
Quelles actions concrètes pour l’accélération de la transformation digitale au Cameroun ?
Bien que les débats et colloques sur l’essor du numérique et le potentiel de développement qu’il représente se multiplient au Cameroun, les infrastructures et mesures d’accompagnement du gouvernement sont assez insuffisantes pour permettre une transition réelle vers le numérique au Cameroun. Et pourtant, une numérisation des opérations aurait permis d’éviter certains problèmes majeurs comme la manifestation en cours des enseignants d’écoles primaires et secondaires, dont les dossiers d’intégration et de reclassement sont encore traités à la main, débouchant ainsi à un entassement des dossiers et la lenteur du traitement de ces derniers. Le tissu numérique tarde donc encore à se tisser au Cameroun et des entreprises concrètes de la part du gouvernement sont nécessaires pour atteindre la vitesse de croisière de la numérisation des activités au Cameroun.
Un ingénieur Camerounais revenu de la diaspora pour servir son pays nous parle
Pour en savoir plus, nous avons contacté un ingénieur en informatique qui travaille au Cameroun après avoir été formé en dehors – Armel Fodjo, et qui nous a propoé une liste d’actions à mettre en œuvre pour favoriser une révolution numérique au Cameroun. Il pense que l’Etat devrait :
- Revoir les coûts de connexion internet : les frais de connexion internet sont encore très élevés au Cameroun, ce qui décourage les jeunes qui veulent bien s’informer et se former en ligne sur les pratiques de la technologie.
- Procéder à une sensibilisation des jeunes et à une vulgarisation des nouvelles technologies.
- Offrir des bourses d’étude aux jeunes désireux de se former dans la technologie à l’extérieur ou même à l’intérieur du pays au sein d’écoles dédiées à l’enseignement des nouvelles technologies.
- Multiplier les stages-formation comme la récente formation digitale portée par Orange Cameroon qui a vu la participation de centaines de jeunes camerounais.
Quelques extraits de l’entretien en vidéo ci-dessous :