LE DOCTEUR ARMAND NGHEMKAP, MEDECIN URGENTISTE CAMEROUNAIS EN SERVICE A PARIS, NOUS PARLE DE SON COMBAT CONTRE LA MORT SUBITE EN AFRIQUE

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Vous êtes Médecin Urgentiste. Depuis quelques années vous êtes engagés dans une lutte contre la mort subite. Parlez nous de la genèse de cette lutte ?

Tout commence en 2003 avec la mort subite en mondovision du footballeur camerounais Marc-Vivien FOE (NDLR footballeur camerounais décédé au stade de Gerland en France, au du match Cameroun-Colombie, en demi finale de la coupe des confédérations). J’avais publié un article à l’époque intitulé « Décès de Marc-Vivien FOE : Mort naturelle ou mort évitable ? Le point de vue d’un médecin camerounais ». J’y décriais  l’absence d’une réponse adéquate à une situation de malaise avec perte de connaissance et notamment l’absence de défibrillateur cardiaque dans les évènements sportifs. Pour sensibiliser l’opinion publique, J’avais conclu qu’une bonne campagne d’information et de communication du grand public et notamment des sportifs et de leur entourage à la reconnaissance de l’arrêt cardiaque, la généralisation d’ateliers d’initiation au massage cardiaque, ainsi qu’à l’utilisation d’un défibrillateur cardiaque était indispensable pour une bonne stratégie politique d’éducation pour la santé. Les pouvoirs publics devaient également développer en milieu sportif des ateliers d’information et de sensibilisation sur la reconnaissance de l’arrêt cardiaque et l’apprentissage des gestes qui sauvent. Voici ce qui m’a amené en 2003 à faire du combat contre les morts subites sportives mon cheval de bataille.

Quelles sont vos actions concrètes dans le cadre de cette lutte ?

Sans être exhaustif, je suis l’auteur des Dix commandements du Sportif pour une stratégie de prévention individuelle. J’ai également publié une stratégie de prévention institutionnelle en 5 axes pour lutter contre la mort subite des sportifs.

Avez-vous l’impression que grâce à votre lutte les lignes bougent ? Si oui quels sont les indicateurs ?

Après plus de 18 ans d’une lutte acharnée contre la Mort Subite des Sportifs, ma satisfaction est grande et mes efforts récompensés. Bref, mon bilan me semble très positif. Les indicateurs sont bien visibles. Notamment le taux de survie après un arrêt cardiaque chez un sportif qui est passé de 3% au début de mon combat qui coïncide avec le décès de Marc-Vivien FOE en juin 2003 à plus de 50 % selon les dernières publications médicales parues en 2020. Ce qui représente un véritable succès qui est notamment lié à toute une campagne d’information et de sensibilisation des sportifs et de leur entourage à la reconnaissance d’un arrêt cardiaque et à leur initiation au massage cardiaque ainsi qu’à l’utilisation d’un défibrillateur cardiaque. Cependant, dans mon pays natal le Cameroun, beaucoup restent encore à faire et je demeure toujours à la disposition des autorités sportives et des encadreurs techniques pour organiser sur l’ensemble du territoire des campagnes d’information et de sensibilisation à la prévention de la Mort Subite des Sportifs. Face à l’inertie des pouvoirs publics et du monde sportif camerounais, j’avais lancer sur fond propre le 2 novembre 2019 à Douala, la 1ère journée de lutte contre les Morts subites sportives. J’ai espéré que cette initiative prenne un destin national mais elle demeure jusqu’à présent isolé face à l’inertie criarde des pouvoirs publics et à l’absence de mécènes et de sponsors pour donner ses lettres de noblesse à un tel combat. Pourtant une telle journée a essentiellement pour objectif de sensibiliser le grand public et les sportifs camerounais à la problématique de la mort subite des sportifs en leur apprenant les dix commandements du sportif. Toutefois, je garde l’espoir qu’un jour les autorités Camerounaises feront de la date du 26 juin, la Journée Nationale de Lutte contre la Mort Subite des Sportifs en mémoire de fils Marc-Vivien FOE, tombé en plein combat pour la gloire de son pays et des Lions Indomptables du Cameroun.

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