Ousmane Diagana, Vice-président de la Banque mondiale (BM) de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale est arrivé ce mercredi 15 septembre 2021 au siège du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam).
Pour l’émissaire de la Banque Mondiale, « Le Cameroun a des potentialités d’un réel développement économique, même si on le compare avec beaucoup de pays en Afrique de l’Ouest. Le dialogue est nécessaire pour définir ensemble des réformes. Cette visite, je l’ai répété, c’est pour exprimer notre solidarité avec les populations locales, avec l’Etat camerounais, qui vivent les impacts extrêmement sévères de cette crise de la pandémie qui malheureusement a causé des pertes. L’économie a été bloquée. Même si la Banque mondiale a proposé des ressources financières pour accompagner les pays, les populations. Cette reprise doit se faire à travers le vaccin, parce que c’est ça qui peut sauver les vies, c’est ça qui peut donner la confiance à ceux qui investissent, de revenir, de prendre des initiatives en s’assurant que la santé est là. «
Au Gicam, ce message de la Banque Mondiale à travers Ousmane Diagana n’a pas été facilement digéré. Selon Célestin Tawamba, le président du plus important mouvement patronal du Cameroun, le climat des affaires est terni par cinq maillons. En tête de fil, le fisc. « S’agissant de la fiscalité, c’est à dessein que je commencerai par la pression fiscale. Non seulement parce qu’elle impacte sévèrement les entreprises, mais aussi parce que nos analyses divergent sur l’appréciation de son niveau dans le contexte du Cameroun. De fait, si la Banque mondiale peut ne pas s’inquiéter d’un taux de pression fiscale de 15%, force est de relever qu’il s’agit d’un taux en trompe-l’œil, dès lors que le numérateur et le dénominateur ne se rapportent pas à la même population« , toujours selon le président du Gicam. « Si la loi fixe à 33 % le taux de l’impôt sur les revenus, la même loi institue une valeur minimum d’acompte de 2,2% du chiffre d’affaires « , présente le groupement inter patronal de Cameroun (Gicam) à la Banque Mondiale. D’autres entraves à l’épanouissement de l’entrepreneur camerounais toujours selon le Gicam : une « justice balbutiante et inefficace », les infrastructures énergétiques et internet insuffisantes, le poids de la dette intérieure, la faible inclusion financière.
Ces préoccupations des patron camerounais sont légitimes pour Albert Zeufack, l’économiste en chef de la Banque Mondiale, qui précise néanmoins que « dans le modèle de financement, il y a une baisse tenancière des financements, internationaux, il y a une baisse significative de l’aide au développement. Ce qui veut dire que les pays africains devraient de plus en plus compter sur leurs propres ressources. C’est une situation difficile. Cela voudrait dire que les pays doivent lever plus d’impôts. Quelque part c’est aussi une importance pour eux, que nos pays se prennent en main, se prennent en charge et cessent de dépendre d’autres. C’est un peu le contexte dans lequel il y a cette pression fiscale. De nos jours il y a des pays qui reçoivent plus d’argent de leur diaspora que l’aide internationale pour financer leur économie. Je crois qu’il faut recadrer cela. La pression fiscale augmente en moyenne dans les pays africains afin qu’ils se prennent en main. «
Au Gicam on espère que ces échanges participeront à faire bouger les lignes.