Privilégier la conservation du patrimoine environnemental au détriment d’initiatives de développement ? L’on s’interroge.
« On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux». Cette citation de Gandhi montre à suffisance la place réservée à la biodiversité. D’où le fameux contraste entre pays développés et pays en voie de développement. En menant une étude sur le cas du Cameroun, il est opportun de relever ses nombreux efforts consentis quant à la préservation du patrimoine environnemental. Ce sont par exemple la lutte contre la désertification et la dégradation des terres avec près de 30 000 hectares reboisés, la fabrication de 100 000 foyers améliorés pour diminuer la pression sur les exploitations forestières en ce qui concerne le bois de chauffe. Plus encore, le Cameroun a procédé à la restauration d’ écosystèmes de mangroves. D’ailleurs le pays enregistre 22% de superficie totale d’aires protégées. Un chiffre légèrement au dessus de l’objectif premier initialement fixé 17 % .
Aujourd’hui, l’exploitation de ressources naturelles est synonyme de développement. À l’image de pays développés, le Cameroun serait amené à puiser dans ses ressources naturelles pour tirer son nez de l’eau. Pourquoi vouloir le condamner? La planète souffre de sécheresse et autres calamités climatiques en partie à cause de ces pays développés. Le constat est plus que frappant avec le nombre de déchets pétroliers et autres déversés en mer.
À l’heure actuelle, un bras de fer se joue entre Greenpeace et le Ministère des Forêts et de la Faune ( MINFOF). Pour cause, le ministère veut allouer près de 400 000 hectares de forêts à concession forestière , renseigne un décret rendu public en décembre 2021. Greenpeace Afrique et ses partenaires voient en cette décision une réelle menace pour la biodiversité. L’organisme appelle alors le gouvernement camerounais à annuler l’appel d’offres.
Selon Ranèce Jovial Ndjeudja, Responsable de la campagne forêt Greenpeace Afrique «La décision du MINFOF d’allouer cette superficie de forêt en prenant pour argument la crise dans le NOSO (Nord- Ouest ; Sud-Ouest) semble bien contradictoire et paradoxale. De plus , l’allocation de ces forêts fait poser beaucoup de menaces sur les communautés qui y vivent et en dépendent, et sur la biodiversité».
Quel lien avec la diaspora camerounaise ?
Dans la peau du Camerounais, le développement serait primordial. Si certains Camerounais quittent leur pays, c’est bien à la recherche de meilleures conditions de vie. Il est d’ailleurs opportun de relever que ces pays d’accueil sont toujours développés. La question qui taraude les esprits est celle de savoir comment ont-ils fait pour se développer? Il faut dire que leur sol a été un allié de taille. Mais aujourd’hui, ce sont ces mêmes pays qui financent des ONGs ( Organisations Non Gouvernementales) empêchant le Cameroun et d’autres pays en voie de développement de se servir de leurs ressources naturelles pour se développer à leur tour. Il faudrait être rusé pour agir de la sorte. C’est d’ailleurs une stratégie plus qu’efficace qu’emploient ces grandes nations afin de retenir leur jeunesse sur place.
Un atout considérable
La biodiversité faisant partie intégrante de la vie de l’homme, il serait judicieux de se servir d’elle comme principal acteur du développement.On peut voir aujourd’hui que le secteur agro-pastoral est devenu très répandu au Cameroun. Un moyen de sauvegarder la biodiversité tout en poursuivant les objectifs de développement local. Dans cette perspective , le projet BIODEV2030 lancé en décembre 2020 vise à « engager conjointement avec le secteur privé et la société civile, des mutations profondes dans le secteur de l’économie ayant une incidence stratégique sur le développement et sur la biodiversité du pays ».
Partant de ce point de vue, on peut associer la biodiversité à un atout pour les économies mondiales et camerounaise en particulier. À ce titre , elle peut soutenir une économie comme celle du Cameroun dans divers secteurs d’activités. C’est la raison pour laquelle elle ne constitue pas un simple agent de développement local. Brader le développement ? Non. Mais se servir de la biodiversité comme fondement même d’un développement durable pour le Cameroun.
Développement et biodiversité ne vont pas toujours de paire. Pourquoi ? Et bien parce que la primauté sera forcément accordée à l’une au détriment de l’autre. La défense de la nature serait donc rentable pour une économie comme celle du Cameroun. D’aucuns considèrent d’ailleurs que le développement durable constitue la condition de survie d’une économie de marché.