AUGUSTIN NTCHAMANDE : « LA MI-TEMPS N’A ETE DONC QU’UNE FAUSSE SOLUTION A UN VRAI PROBLEME. »

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Au Cameroun l’année scolaire 2020 /2021 qui vient de s’achever s’est déroulée dans un système de mi-temps compte tenu de la pandémie mondiale dû à la Covid-19. Mais cette mesure gouvernementale est jugé peu crédible par les acteurs de la société civile camerounaise comme Augustin NTCHAMANDE , Conseille Pédagogique et Secrétaire Exécutif l’Organisation Nationale des Parents pour la Promotion de l’Education du Cameroun (ONAPED), qui a bien voulu répondre à nos questions.

salle de classe camerounaise

Covid et année scolaire au Cameroun: comment appréciez-vous les mesures gouvernementales ?

Les autorités ont donné l’impression d’avoir été surprises par la rentrée scolaire 2020-2021. Pourtant le scénario d’une année scolaire sous fond de Covid 19 était prévisible. Cette impréparation s’est vue dans les hésitations sur la confection des emplois du temps. Les effectifs de 50 élèves par divisions qui constituent la base d’élaboration de ces emplois du temps n’ont été communiqués aux chefs d’établissements seulement une semaine avant la date de la rentrée. Voilà pourquoi je parle d’absence de stratégie prospective

Système de mi-temps pour limiter les contaminations. Qu’en pensez-vous ?

Ce système s’est imposé au Minesec (NDLR Ministère camerounais des enseignements secondaire) du fait des effectifs pléthoriques de l’année scolaire 2019-2020. Pire, au lieu que les  recrutements de nouveaux élèves soient gelés, les chefs d’établissements ont eu les mains libres pour démultiplier les divisions. Ainsi pour le niveau 5ème par exemple qui n’avait que 4 divisions de 80 élèves, l’année précédente, on a eu jusqu’à 6 voire 8 divisions de 50 élèves et plus dans certains lycées puisque l’un des effets pervers de la mi-temps c’est la création de deux lycée en un seul sur les mêmes infrastructures. La mi-temps n’a été donc qu’une fausse solution à un vrai problème.

Quelles solutions auraient été meilleures ?

En plus d’avoir été un appel d’air qui a permis aux chefs d’établissement de recruter de nouveaux élèves, les pertes sur le plan pédagogique sont énormes. Nous avons fait une étude sur le premier mois de l’année scolaire dans les 13 établissements de la Mifi où la mi-temps est appliquée. Sur le seul mois d’octobre, les pertes en termes de périodes de cours étaient de 29 046 heures. Une projection sur l’année nous donnait près de 220 heures de cours perdues pour chaque élève sur les 900 exigées. En plus de ces problèmes pédagogiques, on voit bien que le désœuvrement des élèves est un catalyseurs des nombreuses déviances dont se rendent coupables les élèves aujourd’hui: consommation des drogues, séances de partouze, grossesses indésirées et autres. C’est au vu de tout cela que l’Organisation Nationale des Parents pour la Promotion de l’Education (ONAPED) avait proposé plutôt un gel des recrutements dans les établissements publics et la réquisition des infrastructures sous occupées des établissements privés pour y redéployer les élèves dont l’encadrement seraient supporté par des personnels recrutés et mis à disposition par l’Etat.

Tenant compte de tout ce que vous décriez, quel sera le niveau de crédibilité des examens officiels de fin d’année scolaire ?

On peut se satisfaire de ce que la mi-temps ait été levée pour les classes d’examens. C’est vrai qu’un examen se prépare dans les classes intermédiaires qui elles sont restées dans la mi-temps. En attendant, les diplômes qui seront délivrés ne pourront être qu’à l’image de ce qu’aura été l’année scolaire.

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